Les maisons "faciles à monter", clé de la reconstruction à Mayotte?
Des villes entières défigurées, des bâtiments soufflés, des maisons à terre… Les dégâts provoqués par le cyclone Chido à Mayotte sont colossaux, bien qu'encore difficiles à chiffrer. Selon les données provisoires, 31 morts et quelque 1.400 blessés ont été officiellement recensés, mais les autorités craignent un bilan beaucoup plus lourd.
Dans le département le plus pauvre de France, le ministère de l'Intérieur estime que "70% des habitants ont été gravement touchés". Les autorités s'occupent de venir en aides aux blessés, de déblayer… mais anticipent aussi la reconstruction.
Emmanuel Macron, en déplacement sur l'archipel ce jeudi 19 décembre, a annoncé qu'il voulait "rebâtir" Mayotte avec de nouveaux "critères" après le passage dévastateur du cyclone. Pour cela, François Bayrou a annoncé mardi le lancement d'un appel à projets.
Le Premier ministre veut "des conceptions d'habitations très rapides, préfabriquées, faciles à monter, pratiques à mettre en place et pas trop chères".
Le nouveau locataire de Matignon s'est dit "persuadé qu'un grand nombre d'acteurs français, d'entreprises françaises" et "peut-être même d'écoles d'architecture vont se passionner pour ces projets qu'il faudra rapidement analyser et choisir".
"Comme des Lego"
Différentes entreprises proposent en effet des solutions adaptées aux situations d'urgence. Il existe notamment de petits modules, sortes de studios, qui peuvent être transportés en kit jusqu'à une zone qui a subi une catastrophe naturelle. Ces kits comprennent des panneaux isolés pour les murs, des fenêtres, un plancher et un toit.
Les habitations modulaires peuvent ensuite être assemblées "comme des Lego", pour créer un plus grand bâtiment, une cantine, un dortoir… "On en a produit par exemple pour le tremblement de terre qui a touché la Turquie et la Syrie en 2023", raconte Michael Bayer, président de l'entreprise Karmod.
"Le montage se fait en quelques heures", assure-t-il.
Mais la Fédération réunionnaise du BTP appelle à la plus grande méfiance face à ces solutions. "Il ne faut pas faire venir des maisons modulaires type Algeco qui ne résistent pas au vent, qui ne sont absolument pas adaptées au climat tropical et aux conditions locales", explique à BFM Business Stéphane Brossard, président de la commission technique de la fédération et chef d'entreprise.
Des solutions préfabriquées aux normes anti-cycloniques
"Ça peut apparaître comme une solution de court terme", concède-t-il.
"Mais on va dépenser énormément d'argent pour des habitations dans lesquelles il sera insupportable de vivre parce qu'il fera plus de 35 degrés."
La Fédération réunionnaise du BTP assure qu'elle a le savoir-faire pour produire ce genre d'habitations modulaires en préfabriqués mais adaptée au climat tropical et aux normes anti-cycloniques.
"À la réunion, on subit des cyclones tous les ans, on sait faire, on a les techniques", assure Philippe Lebon, secrétaire général de la Fédération à BFM Business. "On a des habitations préfabriquées qui respectent les normes anti-cycloniques et avec de la ventilation traversante et une maîtrise du soleil."